Idahomètre

Classement des villes de France en matière de lutte contre l’homophobie

République & Diversité, en partenariat avec le Comité IDAHO, a élaboré l’IDAHOMÈTRE, baromètre mesurant la contribution des municipalités à la lutte contre l’homophobie. Tout au long de l’année 2012, les deux associations ont procédé à l’analyse des actions des 50 plus grandes villes de France dans ce domaine.

Les vélos pliants de la gamme Montague ne concèdent aucun sacrifice à la dimension des roues.

L’action des municipalités et leur contribution à l’égalité sont bien souvent invisibles, voire occultées. L’analyse des politiques locales en matière de lutte contre l’homophobie permet d’établir un premier constat dans ce domaine et de mettre en évidence la « réalité du terrain ».

En plein débat national sur le mariage pour les couples de même sexe, ce projet permet de réaffirmer la nécessité de lutter contre l’homophobie au niveau local. Pouvoir se marier, c’est bien, mais on ne se marie pas tous les jours.

Dès lors, qu’en est-il des autres sujets qui constituent la vie quotidienne ? En matière de sécurité, d’éducation, de culture ou de santé, par exemple, les villes mettent-elles en place des politiques publiques permettant de mieux lutter contre l’homophobie ? Notre classement permet de répondre à ces questions.

Le classement général :

classement Idahomètre

Situation géographique des 10 premières villes du classement :

carte de france classement

Analyses :

Analyses quantitatives, les chiffres clés :

  • 4 villes seulement ont la moyenne
  • près de 30 villes ont une note inférieure à 10/100
  • près de 10 villes ont une note nulle, voire négative, villes dans lesquelles les maires ne font rien contre l’homophobie, voire donnent plutôt l’impression d’agir en faveur de l’homophobie
  • Moyenne générale : 16/100
  • Note médiane : 7/100

Les chiffres parlent d’eux-mêmes ; la situation est grave ; il convient de tirer la sonnette d’alarme !

La moyenne générale de 16/100, qui est très basse, est elle-même trompeuse, car elle est tirée vers le haut (si l’on peut dire) par des villes comme Amiens ou Paris, qui culminent à 70/100. Plus révélatrice à cet égard est la médiane, 7/100. Car il y a 25 villes au-dessus, et autant de villes en dessous de cette note.

De ce point de vue, il est clair que la situation des villes de France est extrêmement préoccupante. Très nombreuses sont les municipalités qui ne font rien ou quasi rien pour lutter contre l’homophobie, sans parler de celles qui sont dirigées par des élu-e-s qui semblent viser au contraire à renforcer l’homophobie sociale.

Or, les maires disposent de leviers considérables pour mettre en place des politiques d’égalité. Le guide des bonnes pratiques réalisé par République et Diversité et le Comité IDAHO en témoigne.

Quand on évoque la lutte contre les discriminations, le regard est souvent focalisé sur ce que font les gouvernements, les ministères, mais il faut examiner aussi ce qui se passe en dessous des radars de la visibilité médiatique. Et quand on s’en soucie, on découvre une situation inquiétante, qui nécessite une véritable prise de conscience, un sursaut immédiat et une réaction forte.

L’homophobie est un délit. Lutter contre l’homophobie n’est pas une « option », une attitude « cool » et « branchée », un « luxe » que seuls pourraient se permettre certains élu-e-s ici et là. Lutter contre l’homophobie, c’est contribuer à l’égalité. C’est un devoir républicain. « Le rôle de la République, disait Gambetta, ne consiste pas à reconnaître des égaux, mais à en faire »…

Analyses qualitatives :

Clivage politique :

On pourrait croire que les villes de gauche sont plus mobilisées que celles de droite dans la lutte contre l’homophobie. Ce n’est pas faux. Il est clair que le clivage gauche / droite joue un rôle important. Cependant, parmi les dix premières villes du classement, figure Nancy, en troisième position, ville dont le maire, André Rossinot, est membre de l’UMP. Et parmi les dix villes les plus médiocres figure Dunkerque, dont le maire, Michel Delebarre, est issu du Parti Socialiste. Il n’y a donc pas de fatalité.

Clivage géographique :

On pourrait penser que les grandes villes seraient plus « gay friendly », et que les petites villes de province seraient forcément plus conservatrices. Cette idée reçue n’est pas vraiment confirmée par le classement. Certes, Paris est en tête du classement, mais Amiens est ex-aequo, ville qui pourtant ne compte que 130 000 habitants, qui figure en 28e position des villes les plus peuplées de France, et devance de loin dans notre classement Marseille, Lyon, Bordeaux, Lille, etc. Pareillement, il serait faux de penser que les villes de banlieue sont forcément indifférentes aux questions gaies et lesbiennes : certes, Boulogne-Billancourt et Courbevoie sont à la traîne, mais Montreuil, également en banlieue parisienne, est en 5e position. Là encore, il n’y a pas de fatalité.

Le jury :

Le jury est composé de six personnalités reconnues pour leur engagement et leur expertise dans le domaine de la lutte contre l’homophobie :

  • Roselyne BACHELOT-NARQUIN, ancienne ministre de la cohésion sociale, de la santé, des sports
  • Frédéric MARTEL, journaliste et écrivain
  • Caroline MECARY, avocate et présidente de la fondation COPERNIC
  • Nicolas NOGUIER, président-fondateur de l’association Le Refuge
  • Florence TAMAGNE, historienne et maîtresse de conférences à l’université Lille III
  • Louis-Georges TIN, président du jury, fondateur de la Journée mondiale contre l’homophobie et président de République & Diversité

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